Une petite histoire de blé…

Merci de ton partage Grégory. Il est important de connaître au mieux les ingrédients avec lesquels nous travaillons, surtout lorsque qu'ils rentrent dans notre alimentation.

Salut tout le monde.
Suite et fin pour ceux que ça intéresse sur le process d’obtention des blés qui partiront, entre autre, chez le Meunier.
Le triage du blé brut se fait en plusieurs étapes.
Lorsque le grain est vidé du camion on le stock en container.


Le grain brut passe tout d’abord dans un nettoyeur séparateur qui sont composés de plusieurs étages de tamis inclinés. On commence par les gros tamis pour dégrossir, on enlève les grosses pailles, les cailloux, la terre etc… puis plus on descend plus les tamis sont fins, cette étape permet donc de trier selon la taille du grain.





Le grain sort pour descendre dans les cylindres. Ce n’est pas très évident mais les cylindres sont légèrement inclinés. Les coques extérieures sont en mouvement et leur surface intérieure comporte des alvéoles. En choisissant les bonnes coques selon la taille et la forme des alvéoles et en réglant correctement la vitesse de rotation des cylindres, le mauvais grain est emportés par les alvéoles pour retomber dans un godet central et le bon grain reste dans le cylindre et s’écoule vers l’étape suivante
Sur cette photo un dessin qui représente un schéma transversale du cylindre avec le godet au centre.


Une paire de cylindre



Actuellement sur un triage d’orge qui est fortement pollué par du blé, on voit clairement l’efficacité du cylindre.
Sortie bon grain avec que de l’orge


Sortie mauvais grain, un peu d’orge mais surtout du blé


Les cylindres permettent donc de bien travailler sur la forme du grain.

Enfin arrivent la dernière étapes de la table densimétrique, une table qui peut être réglé sous toutes les inclinaisons et qui vibre. Le principe est un peu celui de la boîte de cornflex qu’on secoue pour le mettre dans son bol. Au début vous aurez les gros morceaux, et à la fin il n’y aura plus que des miettes dans votre boîte.
La table densimétrique

Ici le bon grain lourd, riche et sain remonte, alors que le grain léger, cassé, redescendent. On peut même distingué une ligne clair en bas, c’est le reste du vêtu du grain.


Sur une autre ligne on trie du blé, on voit l’efficacité avec ici le bon grain, bien rond bien dodu qui remonte


et là le mauvais grain qui redescend


Tous les réglages sont fait par des trieurs expérimentés qui doivent choisir le bon mode opératoire en fonction de la variété, de ces caractéristiques physique et de ce que l’ont désire enlever du bon grain.

A chaque étapes de triage des prélèvements sont effectués pour juger de la qualité du triage en faisant des comptages. Je vous laisse imaginer une barquette de grain que l’on déverse sur une table et à l’aide d’une loupe et d’une petite pince on analyse grain par grain pour être sûr qu’il ne reste plus, ou suffisamment peu de mauvais grains

Voilà, une partie de ce qui se cache derrière nos farines

C'est vraiment top ton reportage. Merci pour le partage

Y’a pas de quoi ça fait plaisir :)

Vraiment top. Merci.

Merci Greg , c’est très détaillé et bien expliqué , tu es notre « Tout l’Univers » !!! ( pour les plus anciens )

Poseidon a écrit:Merci Greg , c’est très détaillé et bien expliqué , tu es notre « Tout l’Univers » !!! ( pour les plus anciens )

Ha « Tout l’univers » c’est quand même too much mais je tiens bien la réf merci 

Suite et sûrement fin de ce petit « reportage ». La campagne céréale arrive doucement à sa fin. Nous allons finir par la réception des derniers blé de printemps.
Après un été particulièrement chaud, l’occasion pour moi de discuter de notre éternel ennemi, le plodia.
Sous sa forme papillon

Sous sa forme de vers


Sous forme de papillon on ne le considère pas comme un nuisible car il ne se nourrit quasiment pas, son seul but étant de se reproduire. Il ne connaît pas de cycle, dès la 20aine de degré atteinte, il s’accouple. En dessous de 17 degré il cesse toute activité, bon à savoir pour ceux qui stocke en masse.
Sous forme de vers en revanche c’est une véritable cata, particulièrement cette année avec les chaleurs. Les larves se nourrissent du germe du blé et un seul de ces vers peut engloutir 50germes. 
En France nous ne sommes pas autorisés à traiter nos farines donc pour les marques artisanales tel que la CLASSICA par exemple, vous en avez sans doute comme moi retrouvé dans vos sacs. STOP AUX PRÉJUGÉS !!! Certes ce n’est pas beau, mais la farines n’est pas bonne a jeter pour autant, bien au contraire!!!! La présence de vers peut aussi être un signe de fraîcheur de la farine. Inquiétez vous le jour où vous trouvez des vers morts!
Malgré tous ils posent problèmes, en mangeant les germes de blé, les rendements vont diminuer (pour les blés destinés aux plantations) et les valeurs boulangères vont diminuer (pour les blés destinés aux meuneries)
Hier nous avons eu un retour de résultat hors normes avec une germination à 35% sur une variété là où les exigences imposent une germination de 85-90%! 
Aussi les clients ne veulent pas recevoir de marchandise avec des vers (nous avons de gros soucis avec le Maroc à ce sujet l’année dernière), donc en ce moment c’est le branle bas de combat, nous avons des milliers de tonne de blé à repasser sur des tamis pour éliminer les vers avant conditionnement, comme je l’ai fait sur un lot aujourd’hui
Un peu comme on tamise une farine ici on tamise le blé



A peine tombés dans le seau de déchet qu’ils essaient d’aller trouver un coin en hauteur pour aller faire leur cocon 



Voilà, voilà…
La prochaine fois, en ouvrant votre sac de farine artisanale et en voyant ces gentilles petites bêtes embêtantes, soyez content de la qualité de votre farine malgré tout…. Et pensez à moi 

Merci pour ce retour très instructif Gregory. 
Il faut reconnaître que ces vers ne sont pas très ragoûtant mais si c'est synonyme de fraîcheur alors ça va!

Etienne a écrit:Merci pour ce retour très instructif Gregory. 
Il faut reconnaître que ces vers ne sont pas très ragoûtant mais si c'est synonyme de fraîcheur alors ça va!

Effectivement, dans un sac le cycle de vie du plodia est quasiment bloqué, à l’état de vers il pourra faire peut être une chrysalides, mais une fois papillon, le lieux est pas idéal pour se reproduire. Un vers peut vivre jusqu’à un an en attendant de passer au stade suivant, notamment en attendant la bonne température. Donc la présence de vers c’est que votre farine a bien était conservée.

Merci gregory pour toutes c'est explications, très intéressant.
Moi perso je tamise entièrement mon sac de farine ça met du temps mais au moins après je suis tranquille. Ça va bien que je n'ai pas un gros débit.
Justement ceux qui ont beaucoup de débit vous tamisez vos sacs ?

Encore du grand Grégory, le Sherlock Holmes de la farine. Merci pour tous ces partages extrêmement enrichissants.